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BRIAND Auguste
Membre
fondateur, fut le premier à l’origine de l’Amicale des C L.C.C.H.
Je
suis né le 16 août 1884 à St Briac, mais c’est à Saint Lunaire que j’ai
passé mon enfance. J’ai quitté ce coin paisible, le 5 juin 1898, pour me
rendre à Dunkerque, embarquer mousse sur le 3-mâts barque de 1800 tonnes,
GALATHEE, capitaine Jean Baptiste Roux, de Saint Lunaire. Armateurs : Messieurs
A.C. Le Quellec et fils de Bordeaux.
Cinquante
deux années ont passé, depuis ce grand départ et je revois, comme si c’était
hier, ma mère en larmes sur le quai de la gare de Dinard et, à l’autre bout
du voyage, la bonne figure ébahie du vieux gardien de la GALATHEE, qui se
demandait comment ce mousse trop tôt venu allait vivre à bord, avant
l’arrivée de l’équipage.
Dès
le lendemain le problème était résolu; Le 3-mâts CAMBRONNE, de Nantes,
s’amarrait à couple de la GALATHEE. Le maître d’équipage qui était de
Dinard, adopta d’emblée son petit pays et lui fit faire tout naturellement
la tournée des bonnes vieilles boites à matelots de ce temps là. Quand l’équipage
de la GALATHEE arriva, je n’étais plus un empoté. Sur ce fin et robuste
voilier, j’ai couru pendant 3 années les Mers du Sud par le Cap Horn et par
le Cap de Bonne Espérance, puis la Mer de Chine et l’Océan Indien.
Je
suis revenu au pays en 1901 préparer l’examen d’entrée à l’Ecole d’Hydrographie
avec mon vieil instituteur, le Père Renaud. Je saisis, avec grand plaisir,
cette occasion de rendre hommage une fois encore à ce digne homme, qui fut à
l’origine de tant de carrières de capitaines. En mars 1903, je décroche mon
diplôme d’Elève de la Marine Marchande, et je rembarque comme lieutenant,
cette fois avec le capitaine Roux qui prenait le commandement du 3-mâts barque
de 3000 tonnes, MARECHAL DE TURENNE, armateurs Messieurs Guillon et Fleury de
Nantes. Le voyage de Hull (Angleterre) à Anvers, puis à Los Angeles et
Portland (Oregon), avec retour sur Anvers, dura 17 mois.
Après
un an de service militaire, sur le cuirassé BRENNUS, je me retrouve 1er
lieutenant sur le 3-mâts barque, de 3000 tonnes, AMIRAL HALGAN, capitaine Eugène
Allée, de St Briac, armateurs : Sté des Voiliers Nantais. Je passe 3 années
encore sur ce beau navire, à briquer les routes d’Europe en Nouvelle Calédonie,
puis en Australie, ensuite au Chili et de nouveau en Nouvelle Calédonie, en
doublant les 3 grands Caps.
Je
débarque de l’AMIRAL HALGAN à Glasgow en 1908, pour passer l’examen de
Capitaine au Long Cours. Nanti de mon brevet en mars 1909, je tiens la promesse
faite à ma mère, devenue veuve, de naviguer sur les vapeurs. Je dis adieu, non
sans regrets, aux grands voiliers, si propres, si élégants, aux longues
randonnées autour du monde, aux
folles descentes à terre, après les interminables traversées.
Ma
navigation sur les Vapeurs fut heureuse et sans histoire. J’ai eu la chance
d’échapper aux sous-marins ennemis et aux mines, au cours de la guerre 1914
1918.
Après
16 années de commandement chez mes premiers armateurs, et dans la Cie du Chemin
de Fer de Paris à Orléans, acquéreurs en 1916 de la Flotte Le Quellec, j’ai
mis sac à terre à St Malo, où je suis capitaine de Port depuis 1931. J’ai
été aussi maire de la ville de St Malo, du 1er sept 1941 au 6 août 1944 et
interné au Fort National par les Allemands jusqu’au 13 du même mois.
Membre
Fondateur de notre Amicale je suis très heureux de voir les Anciens Rouliers
des Caps, se réunir chaque année, dans le havre des Corsaires. A la table
accueillante de notre bonne hôtesse Marie Turmel chacun égrène ses
souvenirs. On parle des coups durs, pour rendre hommage à nos vaillants équipages,
mais on évoque plus volontiers les joyeuses escales
dans tous les coins du monde et les délicieuses rencontres qui charmèrent
notre jeunesse.
Signé
BRIAND, avril 1950.
Chevalier
de la Légion d’Honneur, Chevalier du Mérite Maritime, Lieutenant de Vaisseau
de Réserve, Officier de la Légion d’Honneur, Officier du Mérite Maritime, Médaille
d’Honneur des Marins du Commerce. Il s’occupa de la Sté Industrielle et
Commerciale de Constructions Navales. Puis il devint Capitaine d’Armement des
Vedettes Vertes.
Au
mois de juin 1954, il dit : je mis bas l’ouvrage : 1898-1954, 56 ans sur la
brèche, ce n’est pas si mal. Par la suite, ma collaboration à
l’administration de notre Association Internationale des Capitaines au Long
Cours Cap Horniers, et quelques expertises maritimes m’ont conservé bon pied,
bon oeil jusqu’à cette fin d’année 1962 et je souhaite que cela continue.